Le pont Seibert d’origine répondait à un besoin précis de désenclavement de l’île pour la production des usines Renault. Il était le lien privilégié entre les entrepôts de l’île et du bas Meudon. Le pont faisait alors partie de la chaîne de production de l’usine. 
Avec la fermeture du site industriel de Renault, la formalisation des projets d’aménagement sur l’île, la restructuration de la RD7 et des berges sur la rive de Meudon, la création de l’Eco Quartier du Trapèze, de nouveaux usages ont émergé : développement de modes de circulation douce (piétons et cycle), bus, promenade, desserte incendie de l’île Seguin.  Plusieurs diagnostics techniques ont mis en évidence la faible capacité portante du pont, et la corrosion de ses aciers, incompatible avec le passage d’un bus. 
De surcroit, les données géométriques du Pont Seibert permettaient difficilement ces nouveaux usages.

Les grands principes du nouvel ouvrage

Plusieurs axes de réflexion ont guidé le design de cet ouvrage. Ainsi ce nouveau franchissement du fleuve constitue : 
• un élément essentiel de la composition urbaine de l’île et des quartiers aux alentours. Il concentre de nombreux enjeux liés à la mobilité et à son rôle d’espace public majeur. Plus qu’un franchissement, le pont est pensé comme un prolongement des parvis et places à proximité, renforcé par son emplacement exceptionnel au-dessus de la Seine ; 

• un lien urbain, physique et direct entre l’île Seguin et la ville de Meudon. Le caractère urbain du franchissement est apporté par son traitement en plateau sans hiérarchisation franche des espaces. Ce dispositif de plateforme uniforme invite l’usager à parcourir l’ouvrage de manière aléatoire et à se tourner vers la Seine et le grand paysage ; 

• un lieu de vie à part entière à la frontière entre l’île Seguin et Meudon. Son architecture vient subtilement recréer des sous-espaces qui peuvent être affectés à différents usages ; 

• un lieu partagé avec ses espaces généreux et ouverts cherchant à favoriser une grande diversité d’usages ; 

• un ensemble cohérent grâce à un choix de matérialité correspondant à une volonté d’homogénéité d’ensemble alliée à une recherche de durabilité et de travail fin des calepinages et modénatures. 

Le Pont Seibert est un ouvrage structurant du paysage alto-séquanais et de la Vallée de la culture, il concourt directement à l’attractivité du pôle de destination que sera prochainement l’île Seguin. Il préfigure une nouvelle génération d’ouvrages d’art dont l’usage n’est pas uniquement de supporter la voirie, mais d’apporter des aménités fonctionnelles pour les habitants (liaison piétonne et PMR vers les berges de la Vallée Rive Gauche notamment). 
Par ailleurs, le Pont Seibert est indispensable au fonctionnement d’équipements et d’ouvrages : 

• Accessibilité supplémentaire à l’île Seguin depuis le tramway T2 et la rive de Meudon
• Création d’une connexion aux berges de la Vallée Rive Gauche 
• Interconnexions avec les voiries départementales 
• Desserte incendie de l’île Seguin 

Caractéristiques techniques de l’ouvrage 

Le Pont Seibert, construit au moyen d’une structure de type « Bow-String », mesure 150 m de long environ et 13 m de large côté Meudon. Il atteint 26 m de large côté île Seguin avec une arche de 11m de haut environ. Le pont est  constitué de plus de 2 000 tonnes d’acier. Il dispose d’un seul et unique appui au niveau des berges de Meudon. L’ouvrage est traité architecturalement comme une esplanade et un belvédère ouvert sur la Seine, afin de créer un vaste espace public propice à de multiples usages. Sur le tablier, les portions dédiées aux piétons, cycles et PMR se concentrent sur les extérieurs de l’ouvrage. Elles bénéficient d’un panorama inédit sur la Seine et sur le grand paysage. A distance des voies de bus, les trottoirs piétons permettent à tous les usagers d’évoluer en toute sécurité. Les voies de bus, de part et d’autre des arches du pont sont, quant à elles, traitées comme des espaces partagés. 

La force du pont Seibert est la multiplicité des liaisons qu’il propose aux usagers entre les différents niveaux. 
Côté Meudon, l’escalier existant est retravaillé et restitué pour assurer sa fonction de desserte des strates urbaines de la ville. Il est intégré au dessin de la culée dans sa globalité. 
L’ascenseur sur le quai haut assure une liaison entre le pont et les berges de la rive gauche. L’escalier situé dans la béquille permet de compléter les transitions entre les berges hautes et les berges basses côté Meudon. Enfin l’escalier situé dans l’arc donne accès au parc des berges depuis l’île.

© VDSA-A.Alleaume.2022

© F.Karioty-A.Duhamel